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Équipement Épandage et enfouissement du lisier : quel matériel choisir ?

Avec l’injecteur à disques, les émissions d’ammoniac sont réduites de 60 % environ. (©Antoine Humeau)

Les Chambres d’agriculture veulent pousser les agriculteurs à opter pour des matériels d’épandage moins émissifs en ammoniac. Elles mettent en avant l’intérêt agronomique de l’enfouissement des lisiers.

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Pour l’instant, toujours pas d’interdiction des buses palettes en vue. Mais jusqu’à quand ? Il se murmure que le prochain Plan national de réduction des émissions de polluants agricoles (Prepa) interdira l’utilisation des matériels fortement émissifs en ammoniac (NH3). D’ici 2030, 60 % des lisiers actuellement épandus avec des buses palettes devront l’être avec des pendillards ou équivalents. 90 % des lisiers devront être enfouis dans les douze heures après l’épandage.

Pour Arnaud Delestre, agriculteur élu référent agroéquipement à l’APCA, « Il ne faut pas prendre ces incitations comme uniquement des contraintes réglementaires, c’est aussi une opportunité car avec les buses palettes on n’est pas au top de ce qui peut se faire au niveau agronomique ». « En diminuant les émissions, l’azote ira dans le sol et c’est un gain de matières fertilisantes pour l’agriculteur », développe Nicolas Walter, référent agroéquipement aux chambres d’agriculture.

Il y a aussi un enjeu sociétal derrière ces évolutions. Enfouir le lisier, c’est limiter les risques de conflits avec les voisins. Et puis l’intérêt est aussi économique. « En juillet, enfouir plutôt qu’épandre à la buse permet de gagner 120 € d’unités fertilisantes pour chaque tonne à lisier (de taille moyenne) épandue, évalue Guillaume Le Gonidec, de la fédération des entrepreneurs des terrioires (FNEDT). Cela représente ce que facture l’entreprise de travaux agricoles voire le double ».

Le pendillard, un bon compromis

L’équipement le moins cher, la buse palette, est aussi le plus émissif. À l’achat, les matériels plus vertueux sont aussi beaucoup plus onéreux.

Le pendillard simple réduit de 30 % les émissions d’ammoniac par rapport à la buse palette. Il reste efficace et c’est aussi un compromis par rapport à une buse palette. « Pour ceux qui ne peuvent pas se permettre d’investir dans un injecteur, le pendillard, avec ou sans patin, reste une solution intéressante pour franchir un premier pas dans la diminution des émissions » estime Nicolas Walter. Sur prairie, si le lisier est un peu épais, le pendillard peut laisser des bandes de lisier qui vont sécher. Si le chantier de fenaison intervient trois ou quatre semaines seulement après l’épandage, il y a un risque de récolter aussi du lisier qui n’aura pas été digéré par le sol.

Le pendillard avec rampe à patins est un pendillard sur lequel vient s’ajouter un patin à l’avant de la canule. Cela permet d’ouvrir un peu l’herbe pour que le lisier soit mis directement au contact du sol. Selon les conditions, les réductions d’émissions d’ammoniac par rapport à la buse palette peuvent atteindre 50 %. Si les quantités à épandre ne sont pas considérables, ce type d’équipement peut faire l’affaire. Le pendillard est moins cher que l’injecteur, à taille équivalente. Il coûte entre 50 000 et 100 000, voire 150 000 € pour les plus larges.

L’injecteur, équipement le plus efficace

Sur prairies, les injecteurs sont les équipements qui donnent la meilleure efficacité. Ils existent à disques tranchants ou à disques coniques. Une partie du lisier rentre dans le sol. Les émissions sont réduites de 60 %, voire davantage. Il y a aussi un effet intéressant pour le sol, pour l’apport des matières autres que l’azote. Comme le sol n’est pas retourné, il est toujours possible de passer dans l’herbe avec les injecteurs.

Pour les cultures, l’injecteur à socs ou à disques est un système d’injection sur un outil de travail du sol. L’agriculteur travaille le sol et utilise un outil complémentaire d’injection du lisier. Le lisier est comme encapsulé dans le sol. Les émissions sont proches de zéro. C’est particulièrement intéressant pour ceux qui travaillent sur des cultures annuelles avant des céréales par exemple. Cela leur permet d’exploiter à 100 % la qualité agronomique de l’effluent. C’est l’équipement idéal pour tous ceux qui épandent sur sol nu.

Il présente un autre avantage : l’épandage et l’enfouissement se fait en un seule fois, il n’est donc pas besoin de repasser sur la parcelle dans les douze heures après l’épandage pour enfouir le lisier, comme le stipule le Prepa. C’est un gain de temps et de matériel non négligeable. 

Les rampes à injecteurs coûtent entre 150 000 et 200 000 euros selon la largeur choisie.

Pendillards et injecteurs : les contraintes

Contrairement aux buses palette, les pendillards et injecteurs ne peuvent pas épandre de lisier grumeleux, hétérogène. Il doit être parfaitement liquide pour éviter que les tuyaux et canules ne se bouchent. Cela suppose donc de s’équiper de broyeur malaxeur de lisier ou séparateur de phase avant d’utiliser le lisier dans la tonne. Par ailleurs, il est souhaitable d’avoir une tonne de plus grosse capacité (10 à 12 m3) quand on épand avec un pendillard ou un injecteur, afin d’éviter les allers retours. « Qui dit tonne plus volumineuse dit aussi tracteur plus puissant de 150 CV minimum », met en garde Nicolas Walter.

Remplacer un parc total de buses palettes par des systèmes d’enfouissement est très coûteux. Il existe des kits pour adapter les tonnes existantes. Mais pour Guillaume Le Gonidec, l’adaptation des matériels existants est une fausse bonne idée : « les composants de pompage de la tonne à lisier ne sont pas adaptés à l’outil derrière, donc la qualité d’épandage risque d’être très dégradée ».

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